Certainement, les avis divergent, voire s’opposent même, à propos des taxi-bicyclettes qui viennent apporter leur concours ou secours au transport public dans la ville d’Antananarivo. Cela n’empêche que ce nouveau mode de transport de la capitale, à côté des taxi-villes et bus, gagne de plus en plus du terrain et de clients depuis un certain temps. La course varie entre 1000 ariary jusqu’à 5000 ariary. Un transporteur de taxi-bicyclette arrive à faire jusqu’à 10 courses et parcourir un trajet pouvant atteindre 100 kilomètres en une seule journée, selon Faly Arthur. Un travail de marathon ! Faly Arthur fait partie de ces transporteurs de taxi-bicyclette de la capitale. Nous l’avons rencontré pendant qu’il est en train de chercher son « client », c’est-à-dire un passager à transporter, à proximité de la gare routière Makis Andohatapenaka. Il a accepté d’être interviewé par Voandalana Ami du Voyageur et nous a parlé à propos de ce nouveau job et moyen de transport qui semble être une alternative aussi bien au chômage qu’au problème de l’embouteillage de la capitale.

VAV (Voandalana Ami du Voyageur) : Combien de passagers transportez-vous au minimum en une journée

Arthur : En une journée, au moins dix personnes

VAV : La distance minimale et la distance maximale du trajet total que vous pouvez parcourir en une journée

Arthur : Si on fait le calcul, le total du trajet que je parcours en une journée tourne autour de 100 kilomètres.

VAV : 100 kilomètres en une journée ! N’est-ce pas trop

Arthur : Oui c'est loin. Comme j'habite à Ambohitrimanjaka, si je pars d'Ambohitrimanjaka pour aller à Makis (gare routière), je dois le faire chaque jour. Je ne sais pas cela fait combien de kilomètres entre Ambohitrimanjaka jusqu'à Makis. Donc, chaque jour je dois aller à Makis. Il en est de même le soir lorsque je dois rentrer à la maison. Souvent, je pars de la gare Makis vers Ambodivona, puis d’Ambodivona je reviens toujours ici. Si je trouve un passager ici, je vais à Ampitatataka ou encore vers « Fasan’ny Karana » (une autre gare routière). Ce va et vient totalise combien de kilomètres si on fait le calcul ? Ensuite, je pars vers Anosy ou encore Anosibe. Fréquemment les gens prennent souvent leur bus à Anosibe. Je transporte aussi des passagers vers Anosibe. Parfois, jusqu’à la Pharmacie-Itaosy. D’habitude, c’est toujours comme ça. Souvent, nous transportons des gens pour faire leur « livraison » en partant de Makis pour aller vers Pochard (le marché). Puis de Pochard vers "Petite Vitesse"(autre marché). Souvent, nous traversons Anosibe, puis revenons à Ambodinisotry et retournons ici. D’habitude, c’est la course que je fais avec mes clients quotidiennement.

VAV : Les passagers que vous transportez de la gare Makis ce sont des voyageurs qui viennent d’arriver…

Arthur : Il y en a ceux qui viennent d’arriver. D’autres travaillent même ici. Un certain nombre de ces employés vont avec notre taxi-bicyclette pour rentrer à la maison.

VAV : Tout cela à partir de quelle heure du matin jusqu'à quelle heure du soir

Arthur : Moi, je pars à 6 h du matin et rentre à 19 h ou 19 h 30 (du soir).

VAV : C'est à vous ce vélo ou vous l’avez loué

Arthur : C'est à moi

VAV : A part ça, employez-vous un autre vélo

Arthur : Il n’y a que ça

VAV : N’avez-vous pas un autre vélo que vous donnez en location

Arthur : Il y a des gens qui le font, mais moi personnellement, non

VAV : Combien coûte la location

Arthur : 5000 ariary par jour

VAV : Mais ne pensez-vous pas d’augmenter votre gain ?

Arthur : Si, j’en ai l'idée. J’espère gagner davantage si vous donnez en location un vélo. Déjà il vous appartient, puis cela donne un emploi aux autres. Beaucoup de gens veulent le faire, mais n’y parviennent pas à cause du manque de pièces de rechange. Souvent, beaucoup de jeunes s’adressent à moi et disent "Nous voulons le faire". Mais le coût des pièces est très élevé. Le vélo coûte très cher. Un vélo vaut désormais 5 millions à 6 millions fmg... Un Peugeot coûte même 8 millions fmg !

VAV : Vous l’avez déjà dit, en une journée vous gagnez combien au minimum ?

Arthur : Au moins 50 000 fmg en une journée. Avec ça vous achetez de quoi manger, soit environ 15 000 fmg à 20 000 fmg, puis vous en rapportez à la maison 30 000 fmg.

VAV : Lorsqu’on gagne beaucoup, parfois ça monte jusqu'à combien

Arthur : 150 000 fmg

VAV : A quel moment les passagers sont nombreux ( …) Le jour férié ou quel jour

Arthur : C'est le jour férié car il y a beaucoup de monde. C’est le moment où un grand nombre de taxis font la pause. A part cela, lors des embouteillages de la circulation les gens prennent les taxi-bicyclettes. Il y a aussi ceux qui sont pressés parce qu’un taxi-bicyclette peut se faufiler et trouver une issue plus facilement qu'une moto si la circulation est très dense.

VAV : Vous faites cela, est-ce à dire que vous connaissez le « code de la route » ou l'avez-vous appris par la suite ?

Arthur : J’ai appris le "code de la route" car je me déplace depuis ma jeunesse en vélo, sans avoir pratiqué encore le taxi-bicyclette. Progressivement, je connais le "code" en s’habituant. Je connais à qui est la « priorité », où est le « sens unique »

VAV : A part cela, est-ce qu’il n’y a pas de problème du côté des policiers

Arthur : Si ?

VAV : Qu’est-ce qu’ils font(les agents de police) ?

Arthur : Ce qu’ils font, par exemple, ils vous pénalisent si vous stationnez dans un endroit où il est interdit de le faire. Si vous n'avez pas l’autorisation de vous arrêter à l'arrêt réservé aux taxis, ils vous pénalisent s'ils vous y attrapent. Lorsque vous êtes sur la « voie rapide » et la « voie normale », ils vous pénalisent si vous vous arrêtez ou circulez sur la « voie rapide ». Parce que vous savez déjà que la puissance (chevaux) utilisée est différente. La "gauche" est réservée à la voiture, c'est à dire la "priorité" car elle est censée à rouler très vite sur la « voie rapide », puis un peu moins sur la "voie normale". En second lieu vient la moto, tandis que le vélo circule toujours "à droite".

VAV : Alors, les policiers vous extorquent de l'argent chaque jour ou quoi ?

Arthur : Les policiers ne nous extorquent pas de l'argent. Nous n’acceptons pas non plus la corruption.(…) Seulement, quand ils nous surprennent en train de faire des fautes parce qu’on est censé de connaître ce qu’il faudrait faire ou ne pas faire. Alors là elle nous pénalise.

Propos recueillis par Ral

02 Août 2024

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